vendredi 5 mai 2023

[ SAGA ] LES RHUMS BOLOGNE, L'ART DE VIVRE GUADELOUPÉEN EN BOUTEILLE.




[ AVRIL 2023 ] Installée sur les flancs de la Soufrière depuis le XVIIe siècle, la plantation de Bologne a connu différents types de cultures jusqu’au milieu du XIXe siècle où y fut développée la monoculture de la canne à sucre sur toutes ses parcelles. Cette révolution révéla intégralement la richesse exceptionnelle de ce terroir volcanique et chacun s’accorda à dire que la plantation Bologne concentre sur quelques dizaines d’hectares les plus beaux terroirs de rhum qui soient, au potentiel tout à fait unique sur l’île. En activité depuis 1887, Bologne est la plus vieille des distilleries de la Guadeloupe. Visite épique en pick up sous l'égide de Maëva !

1654 - Les origines du domaine de Bologne
La distillerie Bologne tire son nom des propriétaires de la sucrerie aux XVIIe et XVIIIe siècles. Les Bologne, protestants originaires du Dauphiné, migrent en Hollande pendant les guerres de religion qui secouent la France du XVIe siècle. Dès 1580, les Bologne s’installent au Brésil, alors colonie hollandaise, pour y cultiver la canne à sucre. En 1640, le Portugal déclare et remporte la guerre face aux Pays Bas : le Brésil passe alors sous pavillon portugais. Chassés, les hollandais du Brésil embarquent sur des navires à destination des Antilles. C’est ainsi que les Bologne accostent en Guadeloupe en 1654, après avoir été délogés de la Martinique car protestants. Ils décident alors d’implanter une activité sucrière sur les pentes fertiles de la Soufrière. C’est ainsi que depuis plus de 3 siècles, l’habitation sucrière de Bologne a été façonnée par les hommes.

1789 - Le Chevalier de Saint-George
De la terre féconde de Bologne est né en 1739 le Chevalier de Saint-George. Fils d’une esclave d’origine sénégalaise et du propriétaire de Bologne de l'époque, le beau Joseph de Bologne apparaît aujourd’hui comme l’une des figures les plus romanesques du XVIIIe siècle.

En effet, Saint-George est vite adopté par l’aristocratie parisienne pour ses multiples talents : escrimeur, danseur, séducteur, et surtout musicien, il dirige le concert des amateurs puis la société de concert de l’olympique, considérés comme les meilleurs d’Europe, commande à Haydn ses symphonies parisiennes, passe pour le rival de Mozart, et devient le premier noir franc-maçon de France. Ami intime du duc d’Orléans, il habite l’un des plus somptueux hôtels particuliers de la rive gauche. Il est même nommé directeur de l’Opéra royal par Louis XVI, mais devra finalement y renoncer.

A Londres, il se bat en duel contre le chevalier d’Éon, avant de s’engager corps et âme pour la Révolution : il crée alors un régiment de noirs et de métis, la légion de Saint-George, qui combat sur les frontières du nord. Trois ans après la mort de Saint-George, en 1799, Napoléon rétablit l’esclavage, et le « nègre des lumières »*, « Voltaire de la musique » selon l’Abbé Grégoire, ou « Watteau de la musique » selon Laurencie, s’enfonce dans une nuit de deux siècles.

C’est le destin de ce répudié de l’histoire que nous ne cessons de ranimer à Bologne, qui l’a vu naître. Depuis une dizaine d’années, de concert avec les guadeloupéens, nous rendons hommage à l'incroyable destin dans son siècle du grand Saint-George, dont on ne se lasse pas de lire les aventures et d’écouter la musique.

*«Monsieur de Saint-George, le nègre des lumières ». Alain Guédé Ed. Actes Sud 1999.

1830 - Jean-Antoine AMÉ-NOËL premier homme de couleur grand propriétaire en Guadeloupe
L’habitation-sucrerie de Bologne, nom donné alors aux plantations de cannes à sucre, connaîtra au cours des siècles des hauts et des bas, comme toutes les sucreries de l’époque, liés aux vicissitudes de l’histoire, et de la révolution française notamment. On retiendra la date du 26 mai 1830 où Jean-Antoine AMÉ-NOËL, s’en porte acquéreur. Originaire de Bouillante en Basse-Terre (Guadeloupe), jeune pêcheur aventurier et aussi probablement Corsaire, il est le premier homme de couleur « libre de naissance » à devenir propriétaire d’un domaine aussi étendu (114 hectares) que l’est alors Bologne. Son tombeau se situe dans les jardins de Bologne.

1887 - Bologne devient une distillerie
En 1873 le domaine endetté des AMÉ-NOËL est vendu aux enchères et reconverti par la compagnie Le Dentu en usine sucrière. Cette usine sucrière de la Basse-Terre marque un réel tournant dans l’évolution de l’industrie du sucre : elle traite en effet toutes les cannes des habitations environnantes. Elle ne parviendra cependant pas à être rentable et le domaine sera démembré pour être vendu. C'est en 1887 que l'ancienne habitation sucrière deviendra une distillerie.

1930 L.Sargenton-Callard rachète Bologne
En 1932 Louis Sargenton-Callard se porte acquéreur de Bologne. Patiemment, il aura à cœur de reconstituer l’habitation d’origine en rachetant les propriétés voisines de Beauvallon et de la Coulisse. Il acquerra également la propriété de Fromager à Capesterre, sur le versant Est de la Soufrière, soucieux de son indépendance en approvisionnements de cannes à sucre.

Sous son impulsion, l’habitation se spécialise dans la production de rhum agricole. Pendant près de 40 ans, Louis Sargenton-Callard a élaboré des rhums d’exception en s’appuyant sur ce domaine de cannes à sucre unique. Un ancrage profond dans ce patrimoine vivant et la passion de ce terroir chevillée au corps, il a apporté à Bologne la passion de la qualité, la rigueur et l'expertise. Son ambition qualitative s’est d’abord traduite dans le profond respect du terroir qui l’animait.
Cette approche a été rendue possible grâce à sa vision stratégique de l’importance cruciale pour une distillerie de détenir ses propres plantations de cannes à sucre : seule garantie que la récolte sera effectuée à maturité parfaite, et que la coupe et le transport des cannes se feront dans des conditions optimales, afin d’en extraire le meilleur. Nous lui devons cette particularité de Bologne par rapport aux autres distilleries de la Guadeloupe qui nous

2010 - La saga des rhums vieux
L’une des caractéristiques fondamentales des rhums Bologne est leur aptitude remarquable au vieillissement. Perpétuel défi au temps, il vieillit en exprimant cet effet de terroir qui le rend de plus en plus complexe et subtil. La gestion du domaine s’inscrit pleinement dans la capacité du terroir à produire au fil des millésimes de grands rhums vieux de garde. L’objectif est de transmettre en héritage aux générations futures toute la richesse de leur diversité. Les rhums sont élevés en fûts de chêne de France, pendant au minimum 3 ans et jusqu’à plus d’une dizaine d’années...

2015 - La révolution Black Cane
Depuis 2014 la distillerie Bologne connaît un renouveau important. Le premier d’entre eux est un élargissement très important de l’offre et le lancement de nombreuses innovations dont le Black Cane. Série limitée 100% canne noire, le Black Cane est venu étoffer la gamme premium conformément au positionnement historique de la marque sur le segment des spiritueux de grande qualité. De nombreuses autres innovations produits sont actuellement en gestation qui verront le jour en 2016, amenant à la sortie de près d’une dizaine de nouveaux produits en 2 ans ! Bologne mettra également également l’accent sur les rhums vieux, avec la construction d’un chai de vieillissement, la restructuration complète des plantations de cannes de Bologne, ainsi que la poursuite de la modernisation de l’outil de production.

2020 - La première cuvée de rhum agricole Bio de Guadeloupe

La distillerie Bologne met la problématique environnementale au cœur de sa production. Afin d’aller plus loin, une parcelle a été sélectionnée pour entamer un processus de labellisation bio, initié le 8 novembre 2017. Ce processus entérine une vision à long terme l’exploitation du domaine agricole : un véritable engagement pour l’entreprise. C’est ainsi qu’au dernier trimestre 2020, la première cuvée de rhum agricole Bio de Guadeloupe a fait son apparition sur le marché. Dans cette même lancée, en 2021, le domaine obtient la certification HVE (Haute Valeur Environnementale), au niveau le plus élevé, soit le niveau 3. Un label qui se construit sur plusieurs thématiques dont la protection de la biodiversité, la réduction des intrants phytosanitaires et la gestion des ressources en eau.










 Un immense merci à toute l'équipe Bologne d'une gentillesse et d'une prévenance incommensurable. Je recommande fortement la visite de leur infrastructure à Basse Terre. Vive le maillot vert et vive Bologne !


Cheers,

F.

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