La technique de la distillation est ancienne et récente à la fois (la discipline ne sera maîtrisée réellement qu'au XIXeme). Voyage de l'Antiquité au monde moderne...
DU MONDE GRECO ROMAIN AU MONDE ARABE
Les archéologues pensent avoir trouvés les restes de matériel distillatoire en poterie datant du IX siècle avant JC en Mésopotamie. Ce qui est certain c'est que les première traces écrites de distillation date de l'antiquité (Aristote, Dioscoride, Pline). Grâce aux conquêtes Greco-romaines le savoir passe au monde arabe probablement par la ville d'Alexandrie connue pour son rayonnement culturel. Le processus sera largement amélioré au haut moyen âge par les chirurgiens arabes (Geber, Rhazès, Al Kindi). Aujourd'hui les origines de cette science se retrouvent étymologiquement dans les terminologies employées : Distillare (en latin : tomber goutte à goutte), Ambix (en grec: vase), Al-Cohol et Al-Ambic (préfixe arabe).
LE MOT ALCOHOL
Pourquoi le mot Alcool ? On ne sait pas vraiment. L’étymologie semble remonter remonter au Kôlh (le maquillage) ou plutôt à son ancêtre utilisé par les Akkadiens : le Guhlu. Un sulfure de plomb obtenu par sublimation (en chauffant de la galène) par les peuples du désert pour se protéger les yeux du soleil. Avec le temps Guhlu devint Kulh puis Kôlh et désigne indifféremment toute substance sublimée ou distillée. De Kôlh à Alcohol il n'y a qu'un pas. C'est Paracelse qui utilise pour la première fois en France le mot Alcohol sous son sens actuel vers 1530 dans un livre oscillant entre le mysticisme et la médecine. La formulation est reprise puis diffusée par Ambroise Paré (chirurgien du roi et des champs de bataille de France). Notez que le mot Alcool c'est écrit Alcohol en France jusqu'en 1835 où l'Académie Française décide de supprimer le "h" dit étymologique pour la 6ème édition du dictionnaire de la langue française.
AL ANDALUS
Revenons à Al Andalus. Suite à l'établissement durable du Khalifa des Abbassides en espagne des échanges scientifiques ont lieu entre les savants du monde oriental et occidental (mouvement Al Andalus). Ces échanges seront accélérés lors de la Reconquista qui durera presque 800 ans (de 718 à 1492). Le grand passeur du savoir entre Orient et Occident c'est Gerardo da Cremona un Italien instalé à Tolède vers 1150. Il y traduisi Aristote, Al Kindi et Rahzès.
SALERNE L'ITALIENNE : EURÊKA !
Grâce aux traductions des écrits arabes le savoir passe en Occident. C'est au tour de l'italie d'apporter sa pierre à l'édifice. Grâce à l'école de médecine de Saerne. Un livre y est rédigé vers 1150 : Mappae Clavicula. Le principe de la distillation y est clairement décrit. C'est la première preuve tangible de la découverte de la production de l'alcool par l'homme:
"Mélanger un vin pur et fort avec trois mesures de sel. Chauffer dans un récipient prévu à cet effet et vous obtiendrez une eau inflammable qui brule sans abîmer le pot qui la contient".
VOYAGEURS, DIFFUSEURS
Notons l'importance du rôle joué par le polyglotte Raymond Lulle, et son contemporain d'Arnaud de Villeneuve, à l'heure où Montpellier rayonnait sur la méditerranée, vers 1300. Il diffusa le savoir distillatoire de part ses nombreux voyage. C'est ainsi que nous parviennent les bases de la science de la distillation. Une découverte qui permettra d'obtenir de l'alcool qui sera tout d'abord utilisé pour ses propriétés médicinales (cf. infra). La distillation ne sera maîtrisée et comprise réellement qu'au 19ème siècle avec l'invention des alambics à colonne. Et encore on ne connait pas tout...
APRES SALERNE... L'ALCOOL MEDICINAL
L'alcool est utilisé dans les premiers temps exclusivement à des fins thérapeutique En effet dans les temps anciens nombreuses sont les personnes qui décèdent d'infection bénignes. La découverte des vertus désinfectantes de l'alcool révolutionne la médecine et la pharmacie. Cette propriété presque magique donne naissance à la grande réputation des alchimistes. Les savants de l'époque découvrent également les propriétés de conservateur de l'alcool : Ce qui permet alors d'extraire et de préserver les qualités phytothérapique des plantes par décoction, macération, infusion, et distillation à l'alcool. Cette science est alors exclusivement exploité par le corps religieux : habilité à extraire l'âme des plantes.
"En raison de sa simplicité, l'eau de vie reçoit toute impression de goût, d'odeur, et autres propriétés - Arnaud de Villeneuve.
A la fois médecins, philosophes, théologiens, savants. Les alchimistes vont faire naitre tout un champ lexical éloquent autour de l'alcool. C'est une potion magique. Une eau de feu (eau ardente, aguardiente). Une eau qui littéralement rends la vie (aqua vitae, eau de vie, water of life). Certains suspectent même l'alcool de pouvoir donner la vie éternelle: on recherche alors l'eau de jouvence. Jean de Roque -Taillade (1350) recherche alors la quintessence (quint essencia). Le cinquième élément (terre, air, feu, eau). Une eau de vie miraculeuse. Cet alcool surfin, absolu, aurait la propriété de: "préserver le corps humain de la corruption, de le guérir de la paralysie et de la peste".
Voici un extrait du manuscrit de Vital Dufour, prieur d’Eauze, écrit en 1310 et cité par l’abbé Loubès, historien *: « L’eau de vie, pourvu qu’on l’applique sur le membre blessé, expulse tout morceau de fer fiché au corps. Si on la boit, elle dissout les calculs de la vessie. Elle guérit les brulures, les maux de têtes. Elle fait disparaitre les flegmons. Elle soigne la toux, les angines, la fièvre. Elle décontracte la rate, désengorge le foie… »
DU MONDE GRECO ROMAIN AU MONDE ARABE
Les archéologues pensent avoir trouvés les restes de matériel distillatoire en poterie datant du IX siècle avant JC en Mésopotamie. Ce qui est certain c'est que les première traces écrites de distillation date de l'antiquité (Aristote, Dioscoride, Pline). Grâce aux conquêtes Greco-romaines le savoir passe au monde arabe probablement par la ville d'Alexandrie connue pour son rayonnement culturel. Le processus sera largement amélioré au haut moyen âge par les chirurgiens arabes (Geber, Rhazès, Al Kindi). Aujourd'hui les origines de cette science se retrouvent étymologiquement dans les terminologies employées : Distillare (en latin : tomber goutte à goutte), Ambix (en grec: vase), Al-Cohol et Al-Ambic (préfixe arabe).
LE MOT ALCOHOL
Pourquoi le mot Alcool ? On ne sait pas vraiment. L’étymologie semble remonter remonter au Kôlh (le maquillage) ou plutôt à son ancêtre utilisé par les Akkadiens : le Guhlu. Un sulfure de plomb obtenu par sublimation (en chauffant de la galène) par les peuples du désert pour se protéger les yeux du soleil. Avec le temps Guhlu devint Kulh puis Kôlh et désigne indifféremment toute substance sublimée ou distillée. De Kôlh à Alcohol il n'y a qu'un pas. C'est Paracelse qui utilise pour la première fois en France le mot Alcohol sous son sens actuel vers 1530 dans un livre oscillant entre le mysticisme et la médecine. La formulation est reprise puis diffusée par Ambroise Paré (chirurgien du roi et des champs de bataille de France). Notez que le mot Alcool c'est écrit Alcohol en France jusqu'en 1835 où l'Académie Française décide de supprimer le "h" dit étymologique pour la 6ème édition du dictionnaire de la langue française.
AL ANDALUS
Revenons à Al Andalus. Suite à l'établissement durable du Khalifa des Abbassides en espagne des échanges scientifiques ont lieu entre les savants du monde oriental et occidental (mouvement Al Andalus). Ces échanges seront accélérés lors de la Reconquista qui durera presque 800 ans (de 718 à 1492). Le grand passeur du savoir entre Orient et Occident c'est Gerardo da Cremona un Italien instalé à Tolède vers 1150. Il y traduisi Aristote, Al Kindi et Rahzès.
SALERNE L'ITALIENNE : EURÊKA !
Grâce aux traductions des écrits arabes le savoir passe en Occident. C'est au tour de l'italie d'apporter sa pierre à l'édifice. Grâce à l'école de médecine de Saerne. Un livre y est rédigé vers 1150 : Mappae Clavicula. Le principe de la distillation y est clairement décrit. C'est la première preuve tangible de la découverte de la production de l'alcool par l'homme:
"Mélanger un vin pur et fort avec trois mesures de sel. Chauffer dans un récipient prévu à cet effet et vous obtiendrez une eau inflammable qui brule sans abîmer le pot qui la contient".
VOYAGEURS, DIFFUSEURS
Notons l'importance du rôle joué par le polyglotte Raymond Lulle, et son contemporain d'Arnaud de Villeneuve, à l'heure où Montpellier rayonnait sur la méditerranée, vers 1300. Il diffusa le savoir distillatoire de part ses nombreux voyage. C'est ainsi que nous parviennent les bases de la science de la distillation. Une découverte qui permettra d'obtenir de l'alcool qui sera tout d'abord utilisé pour ses propriétés médicinales (cf. infra). La distillation ne sera maîtrisée et comprise réellement qu'au 19ème siècle avec l'invention des alambics à colonne. Et encore on ne connait pas tout...
APRES SALERNE... L'ALCOOL MEDICINAL
L'alcool est utilisé dans les premiers temps exclusivement à des fins thérapeutique En effet dans les temps anciens nombreuses sont les personnes qui décèdent d'infection bénignes. La découverte des vertus désinfectantes de l'alcool révolutionne la médecine et la pharmacie. Cette propriété presque magique donne naissance à la grande réputation des alchimistes. Les savants de l'époque découvrent également les propriétés de conservateur de l'alcool : Ce qui permet alors d'extraire et de préserver les qualités phytothérapique des plantes par décoction, macération, infusion, et distillation à l'alcool. Cette science est alors exclusivement exploité par le corps religieux : habilité à extraire l'âme des plantes.
"En raison de sa simplicité, l'eau de vie reçoit toute impression de goût, d'odeur, et autres propriétés - Arnaud de Villeneuve.
A la fois médecins, philosophes, théologiens, savants. Les alchimistes vont faire naitre tout un champ lexical éloquent autour de l'alcool. C'est une potion magique. Une eau de feu (eau ardente, aguardiente). Une eau qui littéralement rends la vie (aqua vitae, eau de vie, water of life). Certains suspectent même l'alcool de pouvoir donner la vie éternelle: on recherche alors l'eau de jouvence. Jean de Roque -Taillade (1350) recherche alors la quintessence (quint essencia). Le cinquième élément (terre, air, feu, eau). Une eau de vie miraculeuse. Cet alcool surfin, absolu, aurait la propriété de: "préserver le corps humain de la corruption, de le guérir de la paralysie et de la peste".
Voici un extrait du manuscrit de Vital Dufour, prieur d’Eauze, écrit en 1310 et cité par l’abbé Loubès, historien *: « L’eau de vie, pourvu qu’on l’applique sur le membre blessé, expulse tout morceau de fer fiché au corps. Si on la boit, elle dissout les calculs de la vessie. Elle guérit les brulures, les maux de têtes. Elle fait disparaitre les flegmons. Elle soigne la toux, les angines, la fièvre. Elle décontracte la rate, désengorge le foie… »
Vital Dufour (1260-1327) est prieur d’Eauze, l’antique Elusa. Il est nommé cardinal par le pape Clément V, né Bertrand de Got à Villandraut près de Bordeaux (1264-1312). Vital Dufour a des contacts avec l’exceptionnel mouvement d’AL ANDALUS , notamment grâce aux bénéfices ecclésiastiques qu’il perçoit de nombreux monastères, en Italie, en Espagne, en France (ceux d’Eauze et de Saint-Mont).
Outre des œuvres scolastiques et théologiques, il rédige une encyclopédie scientifique et alphabétique, conservée à la bibliothèque du Vatican à Rome, intitulée « Livre très utile pour conserver la santé et rester en bonne forme ». Un paragraphe expose les quarantes vertus de l’eau de vie.
Ce texte fut découvert et largement commenté par l’abbé Gilbert Loubés dans Eauze terre d’histoire, imprimerie Dauba frères, Nogaro,1991.
Attention : La récupération du texte de Vital Dufour par l'interprofession de l'armagnac pour positionner son eau de vie comme étant "la plus vieille de France" est très contestable. Il y a un grande marge entre l'obtention d'un alcool vinique de cornue à des fins médicinales et le travail fait avec les alambics actuel du gers (la distillation en continue date du XIXème). Qu'on se le dise au département marketing du BNIA...
L'ALCOOL POTABLE
Il faudra attendre que les décoctions italiennes de genièvre dans l'eau de vie, utilisées pour leurs propriétés carminative, soient détournées de leur usage par les Hollandais pour que naissent les premier Genevers. L'alcool commence à être consommé dans un but ludique et devient un boisson sociale. Avec tout les maux que cela pourra engendrer : ici.
Encore aujourd'hui nos barmen oscillent entre ces images. A la fois druides préparateurs de potion magique avec leurs étranges outils (bar spoon, jigger, strainer, shaker, bar spoon, lime squeezer etc.) à la fois médecin de l'âme et prédicateur de breuvages qui apaisent les coeurs et les corps.
Attention : La récupération du texte de Vital Dufour par l'interprofession de l'armagnac pour positionner son eau de vie comme étant "la plus vieille de France" est très contestable. Il y a un grande marge entre l'obtention d'un alcool vinique de cornue à des fins médicinales et le travail fait avec les alambics actuel du gers (la distillation en continue date du XIXème). Qu'on se le dise au département marketing du BNIA...
L'ALCOOL POTABLE
Il faudra attendre que les décoctions italiennes de genièvre dans l'eau de vie, utilisées pour leurs propriétés carminative, soient détournées de leur usage par les Hollandais pour que naissent les premier Genevers. L'alcool commence à être consommé dans un but ludique et devient un boisson sociale. Avec tout les maux que cela pourra engendrer : ici.
Encore aujourd'hui nos barmen oscillent entre ces images. A la fois druides préparateurs de potion magique avec leurs étranges outils (bar spoon, jigger, strainer, shaker, bar spoon, lime squeezer etc.) à la fois médecin de l'âme et prédicateur de breuvages qui apaisent les coeurs et les corps.
Cheers,
Les quarante vertus de l’eau-de-vie décrites en 1310 par Vital Dufour:
"Si on y met des herbes, elle en extrait les vertus, elle fait disparaitre la rougeur et la chaleur des yeux, elle arrête les larmes de couler, elle guérit les hépatites si on en boit avec sobriété, elle guérit la goutte, les chancres, les fistules, si on en boit, les blessures par application.
L’onction fréquente d’un membre paralysé le rend à son état normal. Elle aiguise l’esprit si on en prend avec modération, rappel à la mémoire le passé, rend l’homme joyeux au dessus de tout.
Elle fait disparaître la douleur des oreilles et la surdité, elle fait disparaitre les calculs de la vessie ou des reins. Si on oint la tête, elle supprime les maux de tête, surtout ceux provenant du rhume.
Et si on la retient dans la bouche, elle délie la langue, donne de l’audace, si quelqu’un de timide en boit de temps en temps."
Au plaisir de vous rencontrer un jour, un anonyme qui suit votre site depuis plusieurs années..
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