lundi 8 février 2016

Nouvelles pratiques cultural sur le vignoble : pourquoi se laisser enherber ?


La mycorhize (du grec myco ; champignon et rhiza ; racine) est le résultat de l'association symbiotique entre des champignons et les racines des plantes. En viticulture moderne cette notion fait une percée triomphale ces dernières années grâce aux travaux de recherches sur le sol vivant popularisés par Claude et Lydia Bourguignon. Cette symbiose permet à la plante une meilleure assimilation des minéraux présents dans le sol. Cela maximise donc l'effet terroir. Certains pépiniériste vendent des plants de vigne mycorhizés pour faciliter une bonne croissance et réduire le risque de mortalité du végétal. Moi je voulais faire mycorhizer mes plants avec du tuber melanosporum (truffe noire des charentes) mais à priori ce n'est pas encore d'actualité :)
PROSCRIRE LE DÉSHERBAGE EN PLEIN.

De quoi parle-t-on? Le désherbage en plein consiste à appliquer un herbicide sur la totalité d'une surface de vigne ou sur les inter-rangs. Cette technique doit être abandonnée. L'usage des herbicides doit être limité à l'entretien strict du cavaillon. Le désherbage chimique, qui consiste à entretenir la surface du sol en utilisant des désherbants, présente de nombreux inconvénients, dont le risque de pollution des eaux. Par ailleurs, il ne donne pas une image positive des efforts réalisés par la filière viticole dans le domaine de l'environnement. L'enherbement et le travail du sol permettent de supprimer le recours au désherbage entre les rangs. Ces solutions sont faciles à mettre en œuvre.

ENVIRONNEMENT.


L'Agence de l'eau du bassin Adour-Garonne assure le suivi des molécules phytosanitaires dans les eaux superficielles (rivières) et souterraines. Les molécules les plus détectées en eaux superficielles sont les herbicides. Les triazines (simazine) et leurs métabolites, bien qu'interdites d'utilisation depuis 2003, mais aussi le glyphosate et ses dérivés, sont régulièrement retrouvés, parfois au-delà de la norme potabilité (> 0,1 pg/L). Ceci occasionne des coûts de dépollution pour la potabilisation de la ressource.

PRODUCTIVITÉ.

Le désherbage chimique augmente le risque d'érosion, et accélère les phénomènes de transfert de molécules phytosanitaires vers la ressource en eau. Cela peut contrarier le fonctionnement microbiologique des sols. Le risque de phytotoxicité vis-à-vis des plants de vigne est important et constitue un facteur sensibilisant pour la chlorose.



COMPLEXE MYCORHIZIEN

Le complexe ectomycorhizien est une association entre tous entités : des champignons, des racines et des bactéries. La mycorhize est une composante majeure de l'édaphon. L'édaphon est l'ensemble des organismes vivant dans le sol. Ces êtres vivants, participant à la biologie ou à l'écologie du sol, peuvent être des animaux, des végétaux, des champignons, des bactéries. L'édaphon correspond à la biocénose du sol considéré en tant que milieu de vie ou biotopeLa composition taxinomique de l'édaphon est le reflet de la biodiversité du sol.

Dans le compte ectomycorhizien, les hyphes d’un champignon colonisent les racines d’une plante. Les hyphes sont l'organe principal des champignons. Ce que l'on appelle couramment champignon, que l'on cueille avec son pied et chapeau, n'est qu'un organe éphémère du champignon, le sporophore, où se déroule la reproduction sexuée.




Les hyphes se présentent comme de fins filaments, capables d'explorer un très grand volume de sol (mille mètres de filaments mycéliens pour un mètre de racine).


La relation mycorhizienne est de type symbiotique, mais un déséquilibre dans la relation peut être induit par une faiblesse de l'un des deux partenaires, l'association pouvant alors glisser le long du continuum mutualisme-parasitisme.


Le champignon peut alors aussi contribuer à recycler la nécromasse de son hôte, au profit de leurs deux descendances.


Longtemps encensé, le travail mécanique systématique du sol est à proscrire car il nuit gravement au biotope en général et au complexe mycorhizien en particulier.

A l'inverse, l'enherbement maximise le milieu mycorhizien. Le risque avec un enherbent naturel est le développement d'adventices indésirables car trop concurrentielles pour la vigne (stress hydrique). Les adventices non-désirables car forte croissance en hauteur sont: amarantes, érigeronts, chénopodes, mauves, chiendents, sorghos d'Alep.


ENHERBEMENT : LA TECHNIQUE ALTERNATIVE.


Les techniques alternatives au désherbage peuvent être facilement mises en æuvre dans les vignes larges facilitant un entretien spécifique des inter-rangs, situation relativement peu sensible au stress hydrique. La combinaison des différents itinéraires techniques permet de s'adapter aux contraintes agronomiques de chaque exploitation

Les adventices que l'on peut définir comme désirables sont : la fausse roquette, le trèfle souterrain, la véronique, le souci, larenouée des oiseaux, et le pâturin. Pour l'enherbage par semis on peut opter pour des légumineuses (pour augmenter le stock d'azote minéral dans les sols), des graminées (pour augmenter la portance), des crucifères (pour structurer le sol). 


On obtient de bons résultats en mélangeant les espèces suivantes: fétuque rouge, fétuque ovine, koelerie, dactyle, pâturent des près. Attention la fétuque est un espèce concurrentielle. Notez que la vesce, la phacélie et la moutarde enrichissent les sols.



En Charentes, l'enherbement est recommandé, autant que possible, un rang sur deux et parfois en totalité. ll doit être géré selon le type de sol et la contrainte hydrique rencontrée. ll peut être permanent ou temporaire, spontané ou semé. En phase de repos végétatif l'herbe doit être présente sur les parcelles. Un ré-enherbement naturel des parcelles doit être systématiquement favorisé en fin d'été. L'enherbement présente de nom breux avantages ag ronom iq les et environnementaux

-Amélioration de la portance et de Ia perméabilité du sol,
-lntervention possible indépendamment de la pluviométrie,
-Diminution de la sensibilité à la chlorose,
-Amélioration de la structure du sol :
-Décompactage et apport de matière organique par le système racinaire,
-Développement de la flore et de la faune du sol ; amélioration de la biodiversité,
-Réduction du ruissellement, de l'érosion et du risque de transfert des produits -phytosanitaires vers les eaux.
-Maîtrise de la vigueur = moins d'entassement du feuillage :amélioration de l'état sanitaire des grappes et meilleure pénétration des produits phytosanitaires.

TOURNIERES & FOSSÉS

L'enherbement des tournières doit être systématique. Le maintien d'un couvert végétal au niveau des tournières limite l'érosion, le ruissellement et la contamination des eaux. ll favorise le passage des engins agricoles. Son entretien doit être mécanique. Le désherbage des fossés est interdit : des arrêtés préfectoraux fixent l'interdiction d'utiliser des produits phytosanitaires dans des fossés même à sec, des cours d'eau non répertoriés par l'lGN, des collecteurs d'eau pluviales, des puits et des forages.

Cheers,

F.



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